Comprendre les différents types de harcèlement
Quantifier le harcèlement nécessite de le définir. Les anglo-saxons disent « school bullying » (agresseur et action) et « school mobbing » (dynamique de groupe). En France, on parle de « harcèlement scolaire », mais l’association Marion Fraisse La Main tendue préfère « harcèlement entre pairs » pour souligner la dimension de groupe et l’étendue au-delà des écoles.
Les attaques peuvent être verbales, physiques ou psychologiques. En France, environ un élève sur dix subi ce genre de violence au quotidien avec des séquelles et conséquences telles que lésions, marques corporelles issues de bagarres ou de jeux dangereux; ou moins visibles : difficultés de concentration, problèmes de sommeil, estime de soi qui s’affaiblit.
L’enfant harcelé va s’isoler lentement car ses camarades ne le soutiennent pas, et les adultes sont peu présents. La culpabilité, la honte peuvent mener soit à un comportement social violent soit à un replis et un décrochage scolaire.
Le harcèlement ne s’arrète pas aux grilles de l’école
Le cyberharcèlement est un nouveau phénomène qui monte en puissance.
La définition et la responsabilité du harcèlement change: par internet on peut humilier quelqu’un de façon rapide, groupée et indirecte (sans s’adresser à la victime). Cela a lieu en dehors de l’école.
Qui est alors responsable ? Cette nouvelle tendance démultiplie dangereusement les possibilités de harcèlement, mais également l’impact dévastateur sur la victime pouvant la conduire jusqu’au suicide.
Définition du harcèlement scolaire
Le harcèlement entre pairs peut se produire à l’intérieur ou à l’extérieur de l’établissement scolaire (salle de classe, cour, cantine, rue, transports, activités sportives) ainsi que dans des espaces virtuels (réseaux sociaux, SMS).
Il peut impliquer des élèves de l’établissement ou extérieurs. Ces actes répétés de violences physiques, verbales et/ou psychologiques, commis par un ou plusieurs élèves, visent une personne incapable de se défendre, créant ainsi une personne vulnérable, créant ainsi un isolement
L’intention de nuire n’est pas obligatoire.
La dynamique du harcèlement scolaire
Le harcèlement scolaire se distingue par son aspect souvent collectif. Le harceleur a besoin de témoins :
- Des témoins actifs complices : assistent le harceleur dans ses actes
- Des témoins passifs actifs : rigolent, montrent du doigt, font circuler la rumeur, filment
- Des témoins passifs : ne disent rien par peur des représailles
- Des défenseurs : s’interposent et /ou prennent en charge la victime.
Le harcèlement est difficilement visible par les adultes car il se produit en dehors de leur présence.
Qui est harcelé ?
Il n’y a aucun critère pour devenir la cible d’un harcèlement. N’importe qui peut se trouver viser car TOUT peut servir de prétexte. Tout le monde peut être harcelé, pour tout et n’importe quoi, sur la base de n’importe quel critère : trop intelligent, trop grand, trop petit, trop mince, trop gros…
Les conséquences
Le harcèlement scolaire est une violence.
Toute personne subissant cette violence permanente, répétée, soudaine et imprévue (donc non contrôlable), menaçant son ego (sa construction personnelle) se trouve en état de stress chronique.
Dan Olweus, estime qu’un adolescent harcelé à l’école a quatre fois plus de risques d’avoir des idées suicidaires qu’un autre jeune.
Perte de l’estime de soi
Absentéisme
Lésions physiques
Désinvestissement scolaire et baisse des résultats scolaires
Maladie psychosomatiques
Dépression
Les signes d’alerte chez les enfants et adolescents
Les enfants présentent ces signes de façon plus ou moins appuyée et certains peuvent ressortir plus que d’autres suivant les personnalités.
Il faut regarder l’intensité d’un symptôme et la concomitance des symptômes.
Tout changement brusque de comportement de l’adolescent doit interroger les personnes qui encadrent les enfants.
Ces symptômes ne sont pas ceux d’une crise d’adolescence (contact impossible dans le cas de harcèlement).
Le cyberharcèlement est une forme de persécution par le biais d’internet, des réseaux sociaux, des mails, des sms…
C’est une forme de harcèlement à diffusion rapide et à grande échelle. Insultes, moqueries, rumeurs sont répercutées à l’ensemble du réseau, elles sont incessantes puisque elles ont lieu nuit et jour, ne laissent aucun répit à la victime. Il suffit d’un simple clic pour humilier quelqu’un de façon rapide, groupée (1000 fois plus de spectateurs que les couloirs de l’école) et indirecte (sans s’adresser à la victime).
Le cyberharcèlement est une forme de harcèlement qui se déroule sur internet, les réseaux sociaux, les forums, les messageries instantanées, etc. Il s’agit d’un comportement agressif, répétitif et intentionnel visant à nuire à une personne de manière psychologique ou émotionnelle.
Des attaques ciblées ou sous toute forme.
Envoi incessant de messages
Diffusion de rumeurs mensongères
Diffusion de photos ou de vidéos ridiculisant l’adolescent
Diffusion de photos intimes Revenge porn ou vengeance pornographique, partage public non consenti de contenu privé à caractère pornographique et sexuel. En vue d'humilier la personne. C'est un délit.
Piratage des comptes
Envoi incessant de messages
Les conséquences du cyberharcèlement
Cette nouvelle tendance démultiplie dangereusement l’impact dévastateur sur la victime pouvant la conduire jusqu’au suicide.
Les conséquences sont beaucoup plus graves et plus rapides également :
- Difficultés de concentration
- Absentéisme marqué
- Problèmes de sommeil très importants puisque les attaques se font le soir et la nuit
- Estime de soi très vite affaiblit car la victime finit par penser que le monde entier pense du mal d’elle
- Automutilations (bleus, coupures sur les bras ou les jambes) et problèmes d’ajustement au niveau de la nourriture (mange trop ou pas assez, anorexie, boulimie)
- Isolement très rapide et très important : la victime se sent piégée 24h/24h, sans répit ni repos et refuse d’en parler de peur de se voir confisquer son téléphone ou ordinateur, ce qui l’isolerait davantage encore du réseau social
- Tendance à fuir tous les lieux de rencontre avec d’autres jeunes (sport, fêtes, travail de groupe)
La présence de harcèlement dans un établissement scolaire qui ne prend pas en compte ce phénomène, ou fait la politique de l’autruche (« chez nous, pas de harcèlement ») enseigne aux élèves le contraire d’une éducation à la citoyenneté:
- La loi du plus fort
- La loi du silence
- La non assistance à personne en danger
Les évaluations en Finlande ont montré que l’implémentation d’un programme anti harcèlement (programme KiVa) permettait de changer le comportement des témoins, favorisait la motivation scolaire, et enfin améliorait la perception de la classe et le climat scolaire.
Ce type de harcèlement a tendance à augmenter le nombre de harceleurs ainsi que la violence des attaques.
Et le (la) harceleur(se)
Le harceleur cherche la faille ou la trouve brusquement parce qu’un élève sur-réagit à une remarque.
Le harcèlement n’a pas de fondement objectif, il prospère sur le rejet de la différence : le harceleur stigmatise, critique, exagère les particularités d’un élève : l’apparence physique (poids, taille, cheveux, sexe), l’identité (accent étranger, défaut de langage, couleur de peau, orientation sexuelle), la personnalité (timide, craintif, silencieux, bon élève, mauvais élève, l’habillement, les centres d’intérêt), la fragilité (deuil, handicap, problème de santé, divorce).
Parmi les harceleurs on peut distinguer ceux qui initient une situation de harcèlement, ceux qui poursuivent et supportent le harceleur dans son œuvre (c’est la meute) et enfin, les outsiders c’est à dire ceux qui ne s’opposent pas, ne disent rien et de ce fait, donnent leur accord et leur aval au leader.
Selon l’enquête Marion la main tendue, Région Idf par Ifop :
le cyberharcèlement se révèle particulièrement traumatisant pour
les victimes : 67% des personnes ayant été harcelées sur les réseaux sociaux indiquent porter des
séquelles psychologiques. Une proportion bien supérieure à celle mesurée auprès de l’ensemble des
victimes.
Certains harceleurs sont d’anciens harcelés ou des enfants qui reproduisent ce qu’ils ont subi, dans une espèce de vengeance.
D’autres ont subi une violence chez eux ou du harcèlement dans la fratrie.
Les profils les plus difficiles à prendre en charge
Fort charisme
C’est le (la) populaire de la classe
Intelligent(e)
puisqu’il(elle) détecte les failles et les tourne en dérision
Absence d’empathie
Ne se sentira jamais coupable (il est rare que le(a) harceleur(se) reconnaisse ses torts).